vendredi 29 avril 2011

Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants

Le mariage hyper médiatisé de William et Kate pose la question du statut du mariage dans la société d’aujourd’hui. Toutes les femmes rêvent-elles d’être des princesses ?







«C’est le plus beau jour de ma vie », « je serais liée à lui à jamais », « je veux un mariage de princesse », « Il ne reste plus que les enfants et je serais complète »... 2 milliards de téléspectateurs pour le mariage princier « du siècle », qui est estimé à 33 millions d’euros, en grande partie à charge du contribuable anglais. Alors que l’Angleterre vit une crise économique et cumule les mesures d’austérité, personne n’y trouve à en redire. Tout porte à croire que le mariage est survalorisé aujourd’hui, alors que les taux de divorce n’ont jamais été aussi hauts. Le mariage, valeur-refuge dans une société pleine d’incertitude ?


@http://be.trefle.com/





Avant, le mariage liait deux familles, plutôt que deux personnes. Des raisons économiques, politiques, ou de bon voisinage guidaient le choix de la future mariée. Les vraies princesses s’échangeaient contre des intérêts communs. Il était très peu question d’amour. Souvent la femme n’avait jamais rencontré son futur mari avant le mariage. Elle était un bien d’échange. Avoir une fille était gage de richesses. Prenons l’exemple de Roméo et Juliette, ils s’aiment mais sont empêchés de se marier parce que leurs familles sont rivales. Mais pas si loin dans le temps, Diana, dont le mariage avait aussi ému les foules, n’avait rencontré Charles que 20 fois avant de se marier et l’appelait monsieur.







@http://cereales.lapin.org/







Dans notre société contemporaine, heureusement dans la plupart des cas, le mariage est un mariage d’amour. Même s’il se transforme de plus en plus en business. On connaît tous les mariages à Las Vegas, où pour quelques dollars et une signature en bas d’un papier, on est marié en 5 minutes par un faux Elvis bedonnant. Châteaux, buffets, mariages sous l’eau, mariage en parachute, bientôt dans l’espace… la société d’aujourd’hui vous offre toutes les possibilités de vous démarquer de vos parents. Les tasses et les assiettes « William et Kate » se sont bien vendues paraît-il.


Certains estiment que le mariage est un contrat qui ne convient plus au monde actuel, alors que d’autres le mettent sur un piédestal. Notre vie est remplie d’incertitude. Avec le réchauffement climatique, les risques d’incidents nucléaires, les crises économiques, les guerres, les nouvelles épidémies (sida, H1N1, SRAS…), le mariage est un moyen de se rassurer sur le futur. Pas le meilleur moyen, ni le plus sûr. Il serait donc un refuge dans ce monde chaotique. Certains peuvent penser qu’ils ne le font que par amour. Mais pour s’aimer, doit-on se marier ?







@http://www.tracesdereveries.com/






Non, car il existe des alternatives au mariage. D’abord, le concubinage. On peut vivre ensemble sans être marié et décider que cela nous va très bien. Mais il existe aussi le Pacs (Pacte civil de solidarité) en France ou la déclaration de vie commune (déclaration de cohabitation légale) en Belgique, qui sont une manière d’officialiser sa vie de couple.

On pourrait croire que ces alternatives sont bien vues de nos jours, et que le fait d’être célibataire n’est plus un problème. Pourtant, il faut bien constater qu’on continue à stigmatiser les femmes célibataires, les « vieilles filles ». Sous ce nom, se cache l’idée que ces femmes sont inutiles. Car le bienfait du mariage est de créer un environnement « propice » à faire des enfants. Ces femmes non mariées n’en feront sûrement pas et nuiront à la perpétuation de la merveilleuse race humaine, pourtant vraiment pas en voie de disparition. Et comment appelle-t-on un homme pas marié ? Un petit chanceux. Encore une fois, le fait d’avoir un utérus et de porter des enfants permet de discriminer les femmes.

Le mariage permet à la plupart des filles de se sentir «comme une princesse» pendant une journée. On l’a vu, le statut de princesse n’était pas si enviable dans le temps. Aujourd’hui, quels modèles de princesse avons-nous ? Entre Mathilde, la passive et coincée et celles de Walt Disney qui ont bercé notre enfance, on est loin d’un modèle d’émancipation de la femme.

Dans les dessins-animés, les clichés sont toujours là. C’est Blanche-Neige qui nettoie la maison des nains. Cendrillon nous apprend que les filles doivent être rentrées à minuit (et le prince, il fait quoi après ?). Ariel perd son statut de sirène et sa voix pour un homme qu’elle n’a vu qu’une fois. Cet homme tombe amoureux d’une femme muette, donc pas de sa personnalité mais de son physique. Beaucoup d’hommes diront encore de nos jours, qu’une femme muette est la femme parfaite. Les clichés ont la vie dure. La Belle au Bois Dormant nous dit de préserver notre virginité pour notre prince « charmant ». En effet, elle se pique sur un fuseau et saigne, symbole de la perte de la virginité, et est ensuite maudite jusqu’à ce que le prince arrive et veuille quand même bien d’elle. Ce dessin animé est rempli d’allusions sexuelles, comme la clef dans la serrure, la grande tour et les épines. Belle a peur de la Bête, jusqu’à ce qu’elle découvre son portrait de beau gosse et sa richesse. Cela donne l’image d’une femme pas du tout intéressée... Et bien sûr tous les Walt Disney se finissent par un mariage, donnant l’impression aux enfants qu’il s’agit d’un happy end, alors que le mariage est censé être le commencent de quelque chose et qu’on ne nous ne nous dit pas ce qu’il se passe après.





@http://lagoth-vampir.skyrock.com/




La caractéristique principale d’une princesse est d'être passive. Elle accompagne son mari où qu’il aille, elle sourit et salue les gens béatement. Elle inaugure quelques hôpitaux et son travail est fini. Diana a essayé de mettre à profit son statut de princesse pour en faire quelque chose, pour être utile, et si cela a plu au peuple, cela a fortement déplu à Buckingham.

Une princesse n’est rien sans son prince. La princesse est toujours dans l’attente de l’homme. Sa vie est un enfer jusqu’à ce que le prince arrive. Alors elle se bouge pour séduire le prince et enfin se marier, parce que bon hein faut pas finir vieille fille.



Les princesses de Disney, pas si innoncentes :







Si le mariage est un jour heureux pour la plupart des gens, n’oublions pas qu’il existe toujours des mariages forcés. Une pratique à combattre. N’oublions pas non plus que dans l’esprit de beaucoup de gens, le mariage est réservé à un homme et une femme. Le mariage des homosexuels est difficilement acquis et quand il l’est, il peut toujours être remis en question.

William lui a bien compris que le mariage est surfait. D’ailleurs, il ne porte même pas d’alliance.





A lire :



sur la cohabitation légale :
http://www.elsene.irisnet.be/site/fr/02vivrexl/habiter/cohabitlegale.htm



sur Disney, son sexisme et son rascisme : http://www.freeonlineresearchpapers.com/sexism-at-disney



sur le coût du mariage de William et Kate :http://www.aufeminin.com/debats-de-societes/cout-mariage-william-kate-middleton-n72752.html

jeudi 21 avril 2011

Le burlesque, quand le ridicule ne tue pas

Reportage dans l’émission Envoyé Spécial, film Tournée de Mathieu Amalric, salles remplies lors des shows… de plus en plus le burlesque reprend ses galons, sous l’appellation néo-burlesque. Ce genre, que l’on appelle aussi « grand-mère du strip-tease », est-il vraiment différent de sa petite-fille ?











On peut se le demander. Apparus en Angleterre, au XIXème siècle, les spectacles burlesques servaient à dénoncer la morale Victorienne, extrêmement rigide, en déguisant les femmes en hommes. Il n’était pas question de strip-tease mais de vraies satires du monde de l’époque. On y critiquait l’aristocratie et les classes élevées. Ce n’est que pendant leur évolution des années 30’ à nos jours, que les spectacles néo-burlesques (à bien différencier donc du burlesque tout court) se mettent à déshabiller les femmes. Aujourd’hui, on vend ces spectacles comme étant subversifs et même féministes.



@http://www.jalougallery.com/




Pas du strip-tease, le burlesque ? Le strip-tease est un spectacle de déshabillage. Or, que fait-on lors d’un spectacle burlesque ? On se déshabille. Peut-être différemment. Peut-être en cherchant à créer une connivence « drôle » avec le public (ou une drôle de connivence). Peut-être en jouant sur la corde humoristique. Mais on se déshabille. On paie une femme pour qu’elle enlève ses vêtements. Que l’audience soit composée de nombreuses femmes ne change rien.
Il est donc plus qu’étrange d’entendre qu’il ne s’agit pas d’un simple strip-tease, que c’est du féminisme, que c’est même un cabaret politique, et que ces femmes ne font qu’assumer leurs corps.

D’abord, la plupart des shows burlesques mettent en scène des femmes pulpeuses, des femmes qui ne sont clairement pas du même gabarit que la strip-teaseuse du club d’à côté. En sachant que la plupart des shows burlesques cherchent à faire rire, jouent sur la carte humoristique, cela renforce l’impression que l’on peut s’exciter sur les femmes minces mais rire des femmes plus fortes.




@http://burlesquedaily.blogspot.com/




Le burlesque serait du féminisme. Si j’ai mes raisons de penser que Christina Aguilera et que son film Burlesque n’est pas la panacée pour diffuser des valeurs féministes (à leur décharge, pas beaucoup de films américains ne le sont), comment un show burlesque peut-il être féministe ? Parce que ce sont des femmes qui y jouent ? Le féminisme cherche à promouvoir l’égalité entre hommes et femmes. Des hommes qui paient d’autres femmes ou des femmes qui paient d’autres femmes pour se déshabiller, ça me semble assez éloigné d’une quelconque égalité. Surtout s’il s’agit d’en rire. Le burlesque n’est pas un engagement, n’est pas une prise de position contre les inégalités. C’est joli, esthétique, rigolo. Parfois, on se moque de l’Amérique, ou de notre course à l’argent. Mais ce n’est pas du féminisme. Serait-ce, alors, un cabaret politique ? Si pour faire passer ses idées politiques, on devait se déshabiller et danser avec des plumes, je crois que certains s’y seraient mis depuis longtemps.

On dit aussi que les danseuses burlesque aiment leurs corps, que c’est le summum de l’acceptation de soi. D’abord, est-ce qu’on dirait ça d’un homme ? Certainement pas. On dirait que c’est l’apanage des femmes d’exhiber un corps qu’elle assume. Mais si une femme doit s’exhiber pour s’aimer, c’est malheureux, parce que je n’en connais pas beaucoup qui s’assume. Pourtant, des formations sont proposées, pour apprendre aux femmes à se déshabiller en musique. Pas du strip-tease ? Certaines danseuses avouent subir des pressions pour se déshabiller, alors qu’elles voulaient faire un show plus « politique ».







@http://www.chicagostagereview.com/






Depuis Dita Von Tease, on peut remarquer une certaine banalisation du strip-tease. Le burlesque ne fait que renforcer cela, en se déculpabilisant. Ce n’est pas un strip-tease que l’on va voir. On laisse ça aux types louches et aux bandits. Nous, on va aux shows burlesques. Seul, en couple, ou avec des amis. Et ça change tout. Le burlesque est le strip-tease de la classe moyenne. Il est même bien vu d’y aller. Cela prouve qu’on est dans le coup.

Le burlesque gagne partout du terrain. Malgré le traitement consensuel des médias, il faut peut-être s’en inquiéter. Alors que le mouvement féministe a essayé de mener à l’égalité homme-femme, êtes-vous sûr de vouloir retourner dans les années 30 ? Une période marquée par la crise économique et la montée au pouvoir des fascismes. Oh tiens, ça ne vous rappelle rien ?



A lire :

Témoignage d'une ancienne danseuse : http://www.guardian.co.uk/lifeandstyle/2009/may/15/burlesque-feminism-proud-galleries



Un strip-tease peut-il être féminisme : http://diabloguesduvagin.wordpress.com/2010/11/04/un-strip-tease-peut-il-etre-feministe/

samedi 16 avril 2011

Publicités Jupiler : les sexistes savent pourquoi

Le lancement de la nouvelle campagne Jupiler Force, une boisson sans alcool mais au goût de bière, est l’occasion de revenir sur le marketing sexiste de Jupiler. La bière, une boisson d’hommes ? Et la publicité, une affaire d'hommes ?




Savez-vous pourquoi les hommes savent pourquoi ? Et pourquoi quoi ? Que savent-ils de plus que les femmes ? Personne ne le sait. C’est pourtant le slogan d’une des marques les plus connues de Belgique. Un marketing toujours meilleur pour renforcer les clichés et les clivages hommes-femmes. Parce que cette marque se moque délibérément de 51% de la population, les femmes, sans parler du paradoxe, sportif-buveur de bières (alors qu’on sait que la bière apporte des bourrelets plutôt que des tablettes de chocolat). Faudra qu’on m’explique. Pourtant je connais des femmes qui aiment le foot, le tennis, l’alpinisme. Je connais des femmes qui aiment la bière.



Une vérité niée par la nouvelle campagne Jupiler Force : Fini les bières sans alcool pour les tarlouzes, celle-là c’est pour les vrais hommes.



@http://www.jupiler.be



N’oublions pas non plus que lancer une bière sans alcool permet de fidéliser les jeunes et les adolescents. Ils seront habitués au goût d’une bière Jupiler et pourront par la suite consommer la grande-sœur, sur le même principe que les cigarettes en chocolat, maintenant interdites. Un alcoolique inconditionnel de la Jup’ est le meilleur des clients pour une marque de bière. Autant lui parler dès le berceau. Une impression renforcée par le mot « soda ». Quand papa boira sa bière autour du barbecue, son fils pourra profiter du soda du même goût


Alors que les autres marques se basent plus sur le savoir-faire, la tradition ou sur l’humour gentillet pour vendre leurs bières, Jupiler ne se gène pas pour utiliser le sexe comme argument de vente (ok ok, Maes a eu un trip sexiste aussi mais, au moins, leur site est clean). Sur le site, en plus des filles en mini-jupes (qu’on vous invite à retrouver lors des festivals d’été), vous aurez aussi la possibilité de tromper votre femme sans risque d’être découvert grâce au générateur d’alibi Jupiler. Bijoutier, daim qui accouche au bord de la route, bouquet de rose, exercice d’incendie au boulot, … tout est prévu pour vous faciliter la vie. Cliquez sur bijoux, vous trouverez l’adresse du bijoutier le plus proche de chez vous, un échantillon de pierre précieuse à imprimer, et mêm un portrait-robot de la police pour faire croire que vous êtes fait braquer. Charmant. Pour l’excuse daim qui accouche (ou ta femme est conne, elle va croire que tu t’es arrêté et trouver ça mignon oui oui), on a à sa disposition un gentil mot du propriétaire à imprimer et des photos. Bref, il est très facile de duper votre femme, après tout elle ne boit pas de bières, elle.




@http://www.jupiler.be




On est en droit de se demander ce que fait le JEP, le jury d’éthique publicitaire, un organe censé surveiller la publicité et ses dérives. Il propose de veiller à ce que la pub soit honnête, légale et éthique (montrer clairement que les femmes sont connes pour vendre une bière, éthique ? Vendre un soda au goût de bière pour atteindre les enfants, éthique ?). Cet organe d’autorégulation (sic) peut recevoir des plaintes ou prendre une décision d’initiative. Un de ses articles condamne le sexisme, ce qui ne l’empêche pas de régulièrement fermer les yeux. De toute façon, s’il accepte la nouvelle campagne Guess, pourquoi se pencher sur le cas tout mignon de Jupiler ? Guess est toujours magnifiquement capable de me faire me demander si c’est la femme le produit ou un quelconque élément de la photo. Il faut bien chercher.


Ici la suite

Heureusement, ils ont pensé à moi, sur certaines publicités, ils ont mis « Guess Jewelry ». Tout s’explique. Donc pour vendre un bijou (qu’il faut toujours bien chercher dans la photo), une femme montre ses fesses, à tous les arrêts de bus. Pour vendre un bijou, donc se faire du fric, je placarde des images de porno-chic (sic !) dans toute la ville. C’est beaucoup plus clair, merci.


On dit toujours qu’il faut boire avec modération. Est-ce que cette modération ne devrait pas être aussi adoptée par la publicité ?


Pour comparer :




vendredi 8 avril 2011

8 clichés sur les machos

Après l'article 8 clichés sur les féministes, voilà la suite : 8 clichés sur les machos. On en connaît tous au moins un, de l'oncle aux blagues pénibles aux copains de classe sérieusement lourds. Parce que tous les hommes ne sont pas machos, mais tous les machos sont des hommes. (Cliquez sur les numéros pour voir le texte)

Pour ne savoir plus sur les machos : http://lagueule2bois.com/2011/03/14/les-beaux-jours-this-is-spartaaa/

mercredi 6 avril 2011

Berlusconi et les femmes italiennes

Alors que s’ouvre aujourd’hui le « Rubygate », procès du nom de cette prostituée mineure que Berlusconi aurait payé de février à mai 2010 (et qu’il aurait sorti de prison en abusant de sa fonction), on peut s'interroger sur la dégradation de l’image de la femme dans la société italienne.







Berlusconi, chef du gouvernement italien, est accusé dans le procès qui s’ouvre aujourd’hui de prostitution de mineures et d’abus de fonction. Un procès parmi tant d’autre qui ne remet pas en cause la ferveur de ses supporters. Beaucoup d’Italiens pensent même que Berlusconi est victime d’un acharnement. S’il était présent à la première audience du procès concernant Mediaset, son groupe média, pour paiement illégal de droits télévisés, il n’a pas eu le courage de se montrer à l’audience préliminaire de cette affaire. Car c’est son image qui est en jeu. Une image qu’il aime maîtriser. Car Berlusconi est un homme des médias. Son groupe Mediaset domine le marché italien de la presse, de la télévision et de l’internet. S’il a été assez malin pour n’en être « que » vice-président (il en est aussi le fondateur et un des actionnaires), personne n’est dupe. Mediaset est contrôlé par Berlusconi. Via les chaines de télévision, il endort tout les jours les citoyens en leur donnant ce qu’ils veulent : du sexe et des jeux.








La véline ou la madone




Berlusconi est celui qui a popularisé, dans ses programmes, la Velina : une fille dénudée, pas franchement intelligente, voire carrément muette, présente uniquement pour son corps. La femme-potiche par excellence. A partir des années 90’, on a de moins en moins donné la parole à des femmes pour écouter leurs opinions, ou les laisser exprimer un point de vue. Petit à petit aussi, ces vélines se sont retrouvées inscrite sur des listes politiques, et élues à des postes uniquement sur base de leur physique. La publicité s’y est mise et si on est parfois intrigué par l’usage du corps dans certaines de nos pubs, allez faire un tour en Italie, ce n’est pas triste. La femme objet est devenue la seule référence pour les femmes et les hommes italiens, un lavage de cerveau quotidien.





@http://fashionscandal.com



Alors que l’Italie a connu un des mouvements féministes les plus puissants d’Europe, la femme italienne se conforme au modèle machiste. Dans une Italie toujours plus gouvernée par l’argent et la corruption, la prostituée, celle qui gagne sa vie en vendant son corps, à la télévision ou sur le trottoir est bien valorisée. Voilà pourquoi le fait que Silvio couche avec des prostituées ne choque pas son électorat. Qu’elles soient mineures n’est qu’un détail. On assiste à une véritable régression du statut et de la place de la femme italienne.



Non content d’utiliser des femmes comme des objets dans ses émissions, iI Cavaliere sait aussi s’entourer de call girls dans ses partouses. Imaginez Leterme dans la même situation ! Vous croyez qu’il serait réélu ? Pensez à la démission de Bill Clinton après l’affaire Lewinsky. Pourquoi Berlusconi peut-il rester au pouvoir malgré les multiples scandales sexuels (les "bunga bunga party") ? Ironique dans un pays qui abrite le Vatican, il est le chef de cabinet au mandat le plus long dans toute l’histoire de l’Italie.



@http://antoniettafishta.files.wordpress.com



Un fascisme à l'italienne



D’abord, Berlusconi a à sa botte la majorité du Parlement qui lui fait des lois sur mesure, comme celle bientôt adoptée sur le délai de prescription qui lui évitera la condamnation dans le procès Mills (corruption de témoins).


@http://vistidalontano.blogosfere.it


Ensuite, il faut quand même ne pas négliger l’histoire du peuple italien. De César, à Berlusconi, en passant par le Duce, l’Italie a toujours eu besoin d’un guide, d’une figure forte, qui prenne les décisions à sa place. Avec Berlusconi, cette figure est poussée à l’extrême puisqu’il leur dit même quoi regarder et donc que penser. On peut même dire que l’Italie vit dans un régime populiste, presque encore fasciste. Propagande et contrôle des médias, leader charismatique, nationalisme (on l‘a encore vu avec l’épisode de Lampedusa), beaucoup de caractéristiques des régimes fascistes y sont présentes. Si, bien sûr, tous les Italiens ne votent pas pour le beau Silvio, ceci explique peut-être cela...



@http://www.inversalis-productions.eu




Le mouvement « maintenant ou jamais » (Se non ora quando) a décidé de manifester en février dernier contre ces pratiques jugées archaïques. Ce mouvement de femmes entend lutter contre le mépris du « sexe faible » dans la société italienne. Associées au mouvement violet, qui est à l'initiative des No Berlusconi Day, elles demandent sa démission.



Après la constitution des parties civiles aujourd’hui, le procès « Rubygate » a été reporté au 31 mai. Comble de l’ironie, au tribunal de Milan, les juges qui devront trancher le sort du chef de cabinet sont trois femmes. Espérons qu’elles désarçonnent le Cavaliere.




@http://www.tv5.org


A lire aussi :


http://www.rfi.fr/europe/20110214-maintenant-jamais-fronde-femmes-italiennes-contre-il-cavaliere-berlusconi


http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/colere-femmes-Italie/p-15314-Rubygate-l-image-de-la-femme-dans-le-systeme-Berlusconi.htm

vendredi 1 avril 2011

La prostitution, un métier comme un autre ?

La prostitution. Voilà bien un mot qui déchaîne les passions. Mais derrière le mot, quelle réalité ? Alors que la ministre française Roselyne Bachelot propose de punir les clients, chez nous, le journal la Dernière Heure, consacre un article au top 10 des meilleurs « adresses ». Grave banalisation d’une pratique associée à de l’esclavagisme par l’ONU.





@http://www.interet-general.info


Dans notre société, la prostitution est banalisée. Que ce soit la pub, les médias ou certains journaux, comme la Dernière Heure, tout nous pousse à accepter la marchandisation des corps. La sexualisation s’achète et se vend comme n’importe quel service. Mais le corps peut-il être un produit et la sexualité, un service ? C’est la question que pose la prostitution. Elle interroge aussi la place de la femme dans notre société et les rapports de domination hommes-femmes. Le bonheur s'achète au dépens des plus pauvres, des plus démunis. Cachées ou librement exposées dans nos villes, chaque jour, des femmes vendent leur corps…et des hommes sont prêts à payer pour ça. Si des femmes sont battues, violées, séquestrées,… si d’autres entrent dans ce système « volontairement », c’est parce qu’il y a des clients. Ils sont le moteur de ce système, qui exploite les corps et n’est pas sans incidence sur les âmes. Notre société le tolère, voire l’encourage.


Petite liste non exhaustive de ce que j’ai pu lire, ou entendre, au sujet de la prostitution :


- C’est le plus vieux métier du monde, on ne peut rien y faire.


Grosse erreur de logique. Une prostituée se paie, c’est bien le principe non ? Comment on la paie si on n’a pas d’argent ? Ou si on n’a pas un truc à lui échanger ? Si avant, on lui échangeait un poisson contre sa couche, il fallait de toute façon d’abord l’avoir pêché. Aujourd’hui, si on lui donne de l’argent, il faut d’abord l’avoir gagné. Il est donc impossible que la prostitution soit le plus vieux métier du monde.


-C’est le summum de la liberté sexuelle de la femme, celles qui critiquent la profession sont jalouses, voire "mal-baisée".


Très bel argument. Sauf que la prostitution est l’exact opposé de la liberté. Quand un client arrive et paie, la prostituée se met à son service et devra se plier à ses exigences, quelles qu’elles soient. Qu’elle en ait envie ou non. Vous trouvez que ça ressemble à de la liberté ça ? Qu’il y a de quoi être jalouse ? Je suis libre sexuellement parce que je peux choisir avec qui je couche, quand et où. Je peux choisir de mettre fin à la relation sexuelle ou de la recommencer,…


-En fait, tout le monde se prostitue, on accepte bien des cadeaux ou qu’on nous paie le resto non ?


Accepter un cadeau, fait par plaisir par quelqu’un qui vous aime, un ami, un membre de votre famille, ou votre copain, n’a strictement rien à voir avec un client qui paie une femme qu’il ne connait pas, pour se dédouaner de ce qu’il va lui demander par la suite. Je la paie donc il est normal que je la baise. Elle doit honorer le contrat que l’on vient de passer. Quand mon copain m’offre un resto, on ne passe pas un contrat. S’il a envie de me sodomiser après, j’ai encore le droit de lui dire non. Et heureusement.


-Sans elles, il y aurait des pervers dans la rue.


Il y a toujours des pervers dans les rues. Des filles se font encore violées ou agressées. On connait tous une copine qui a subit une main baladeuse dans le tram ou le bus. Et puis, le viol et l’agression sont des crimes, et la place des agresseurs est en prison. Il est étrange d’estimer qu’il faut les laisser se défouler sur quelqu’un, non ?


-Il n’y a pas que le sexe, elles aident psychologiquement.


Pour être psychologue, il faut cinq ans d’étude et un diplôme. Si elles étaient vraiment psychologues, vous croyez qu’elles seraient dans cette situation ?


-C’est leur choix, et puis c’est un métier comme un autre.


C’est une réaction typique de notre époque. Avant, la prostitution était très mal vue. Les prostituées étaient des parias. Aujourd’hui, on a Ruby, la copine de Berlusconi, et Zahia, la tombeuse des Bleus. Des filles qui ont leurs propres émissions de téléréalité. Des filles considérées comme des stars. Presque des exemples à suivre pour les plus jeunes. Dans les émissions, les reportages, les documentaires, les films, let même dans les séries, on vous montrera des femmes très heureuses de se prostituer. C’est juste leur choix. Je ne dis pas qu’il faut revenir aux temps où les prostituées étaient des parias. Juste qu’aujourd’hui, on ne vous montre jamais l’autre côté. Le trafic d’êtres humains. Les viols. Les filles que l’on met de force sur le trottoir. Celles qui sont conduit là par la misère. C’est bien beau de faire de montrer des femmes consentantes. Mais pour une prostituée consentante, combien ne le sont pas ? Vous ne les verrez pas sur les plateaux télé, elles ne décident pas de leurs tarifs, elles sont terrorisées par leur mac,… c’est bien beau de dire que c’est un métier comme un autre, mais ce n’est le cas que pour une minorité d’entre elles. Et encore, ce sont parfois des femmes qui ont vécu des viols ou des incestes (comme les actrices porno). Freud a suffisamment montré l’importance de la répétition dans nos actes.


Pourquoi toujours banaliser cette pratique ? Pourquoi toujours donner des arguments aux hommes qui en profitent ?


Rappelons que payer un rapport, c’est déjà l’imposer. Mon copain ne me paie pas, parce que je suis vraiment consentante à nos rapports. La prostitution est une forme de violence. Elle induit un rapport de domination. Je te paie, donc tu m’obéis. Ici, le corps est la marchandise.



Le corps. La sexualité. Deux des choses les plus intimes qui soient. Quelles séquelles pour ces femmes, obligées d’oublier toute pudeur, toute envie, tout désir.


@http://tchoutchou.org



L’Etat sait très bien mettre des limites à l’exploitation de corps. Je n’ai pas le droit de vendre mes organes, même si j’en ai envie. Dans les projets de loi sur les mères porteuses, il est écrit noir sur blanc qu’on ne peut pas les payer. Mais se payer une prostituée, qui vient peut-être d’Albanie, à qui on a peut-être promis un emploi de serveuse pour ensuite lui prendre son passeport, c’est permis. Toutes les autres formes d’abus sexuelles sont réprimées, mais pas celle-là. Pourquoi ?


Cela nous arrange de fermer les yeux. On ne s’interroge pas sur l’autre, sa souffrance. On estime que la prostitution est une nécessité sociale, qu’elle a une fonction hygiénique. Après tout, un homme a des besoins, il doit les assouvir.On ne met pas de limites aux pulsions sexuelles des hommes. On leur reconnait le droit à la prostitution, à la pornographie, à l’infidélité et aux aventures d’un soir. Par contre, pour la femme, là, c’est autre chose. Inconsciemment, on sait qu’une femme risque de tomber enceinte, donc on le juge différemment quand elle utilise sa liberté sexuelle. Toujours cet utérus bien encombrant, qui servira d’excuse à chaque fois qu’il s’agit de cibler les femmes (pour les salaires, l’emploi..). On admet que les garçons couchent, mais quand une fille se comporte comme un homme, c’est une pute. Un mot qui reste une injure.

Pourtant, un homme n’est pas un animal. Il n’a pas des besoins sexuels qu’il « doit » assouvir. Il a un cerveau aussi. Il peut comprendre qu’imposer un rapport, ce n’est pas normal. Et l’éthique ? Et le respect du corps de l’autre ?



@http://cereales.lapin.org/



Kant l’avait déjà compris, un de ses impératifs dit : « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen». Ou, plus facile, quand on dit: « Ne fait pas aux autres ce que tu n’aimerais pas ce qu’on te fasse ». L’autre n’est pas un moyen, un objet, l’autre est une fin en soi, un être humain. Il a la même valeur que nous, une valeur absolue. La prostituée est une femme comme la mère, la sœur, la fille du client. C’est un être humain.



Ne rien faire contre la prostitution, cela arrange tout le monde. Si des femmes se prostituent, que ce soit par choix ou non, c’est peut-être à cause de notre choix de l’accepter tacitement. Je ne crois pas que la prostitution soit un métier comme un autre. Si c’était le cas, on serait toutes prêtes à se prostituer. Si on peut faire ce métier par choix, pourquoi ne pouvons-nous que difficilement envisager de l’exercer ? Pourquoi les hommes sont-ils minoritaires ? Aucune petite fille ne rêve de d’embrasser la carrière. Un métier comme un autre ? Vous le souhaiteriez à votre enfant ?


A voir aussi :Reportage vidéo sur les nuisances de la prostitution pour un quartier : http://www.youtube.com/watch?v=o28jZW9pE9k


Le site du mouvement Le Nid, pour une société sans prostitution : http://www.mouvementdunid.org/