jeudi 30 juin 2011

Campagnes publicitaires : pas de vacances pour le mauvais goût

Deux campagnes publicitaires diffusées cette semaine nous rappelle que, dans la publicité, le sexisme ne prend pas de vacances.



D'abord cette publicité, reçue dans ma boîte aux lettres, pour.... eh ben tiens essayez de deviner à partir de l'image :









Cette publicité concerne :




Petit A : Une version porno des Schroumpfs?




Petit B : Le nouveau chocolat aphrodisiaque, encore plus aphrodisiaque de Côte d'Or?




Petit C : Une publicité pour le prochain film de Spielberg dans lequel on se rend compte que les femelles extraterrestres ne ressemblent pas à E.T. ?


Et bien non, rien de tout ça. Il s'agit en fait d'une publicité pour un bar/restaurant. On s'imagine sans mal la qualité de ce qu'ils servent s'ils doivent utiliser des arguments pareils pour vendre. Même le slogan a été piqué à Pure FM (Good Music Makes Good People). Triste.







La deuxième publicité surfe sur une événement sordide de l'actualité, l'affaire DSK, pour en faire une allusion sexiste. Un voyagiste propose des réductions pour des hôtels en France, avec "service de chambre inclus". C'est comme si à l'époque de l'affaire Dutroux, on avait utilisé cet événement pour faire de l'humour graveleux. Depuis LastMinute a retiré l'annonce, en avouant ne pas comprendre pourquoi. Pourtant, on aura remarqué que l'image de la publicité était enregistré sous le nom "fbp_dsk_bis_01"...






A lire :



samedi 25 juin 2011

1 viol sur 3 commis par un conjoint en France

C'est pour lutter contre ce chiffre que le Collectif féministe contre le viol lance une nouvelle campagne contre le viol conjugal, qui reste un tabou majeur dans nos sociétés.





A lire :

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/campagne-choc-contre-le-viol-conjugal_1002033.html

jeudi 23 juin 2011

Femmes au volant, les clichés au tournant

Le mouvement Women2Drive en Arabie Saoudite nous rappelle que les saoudiennes n’ont pas le droit de conduire. Si ce combat est des plus légitimes, et doit être soutenu, il ne faudrait pas stigmatiser un pays. Ici, on se moque encore trop souvent des femmes au volant et on remet en cause leur capacité à conduire. Parce que le machisme se déploie sous différentes formes.




En Arabie Saoudite, une femme qui conduit risque la prison. En effet, il faut posséder une licence pour conduire, licence qui n’est pas accessible aux femmes. Elles doivent donc entièrement dépendre d’hommes pour se déplacer en voiture, même en cas d’urgence. Les médias belges ont fait grand cas de cette pratique, en médiatisant le combat du mouvement Women2Drive. En Belgique, une femme peut conduire, certes. Mais à entendre le dicton populaire : « femme au volant, mort au tournant », cela ne plaît pas à tout le monde. Lors d’une discussion dans un de mes cours à l’université, j’ai demandé aux garçons de ma classe s’ils laisseraient leur copine conduire leur voiture. Et pour certains, cela à été un « non » catégorique, sous le prétexte de « ma copine ne conduit pas comme moi ». Donc, elle conduit mal. Donc, elle est dangereuse. Donc, elle risque d’abimer ma voiture. Une idée présente dans l’esprit de nombreux hommes dans notre société. Et pourtant, les études montrent que les femmes roulent plus prudemment. D’ailleurs, elles paient moins cher leur assurance voiture. D'ailleurs, je préfère être dans cette voiture, que dans celle-là.




Imaginons maintenant que la copine de ces garçons doit, par exemple, prêter sa voiture à quelqu’un ou se fait rentrer dedans alors qu’elle n’est pas en tort. Elle se retrouve sans voiture. Et si son copain ne la laisse pas conduire, mais préfère la conduire partout où elle le demande (et où il le veut bien), on se retrouve presque dans la même situation qu’en Arabie Saoudite. Sa copine devient dépendante de lui parce qu’elle est une femme, dont une mauvaise conductrice supposée.





@http://moteurs.excite.fr/



Derrière ces deux situations différentes, dans deux pays différents, se cache la même chose. L’idée que les femmes ne savent pas conduire. Ou ne peuvent pas conduire. Pourquoi ? D’abord, il faut savoir que conduire signifie avoir une indépendance accrue. En voiture, vous pouvez aller où vous le souhaitez, quand vous le voulez. Personne ne peut contrôler vos déplacements. Ma mère m’a souvent dit : « Sur la route, c’est là que je suis l’égale d’un homme. C’est le seul endroit où les règles sont les mêmes pour tout le monde ».



Les femmes n’y comprennent rien



J’ai aussi souvent entendu, dans la bouche d’hommes : « les femmes ne comprennent rien aux voitures », « elle ne sait même pas tenir un volant », « elle va caler, c’est sûr »… comme si les hommes voulaient se garder un droit sur cette technologie. Est-ce que ces hommes savent comment fonctionnent une machine à café ou une machine à laver ? Savent-ils tenir un fer à repasser ? L’histoire ne nous le dit malheureusement pas (mais on peut supposer que non, n’est-ce pas ?). C'est bien dommage. Il y a-t-il des technologies réservées aux femmes et d'autre aux hommes ? Quel serait le critère pour une "technologie de femme" ? Quand cela concerne la tenue de la maison ? Très évolué comme manière de penser.




Qu’est-ce que la voiture a de si spécial pour que les hommes veuillent se la réserver ? Qu’est-ce que la voiture a de si spécial pour que les hommes la valorisent autant ? C’est peut-être parce que les hommes considèrent la voiture comme un objet de puissance. On peut rouler vite, en choisir une avec un gros moteur, dépasser les autres. Elle est aussi un signe d’un certain statut social. Celui avec la grosse voiture de sport a mieux réussi dans la vie que celui avec la petite voiture citadine.




Les femmes, plus attirées par les voitures de sport


Et c’est aussi celui avec la grosse voiture de sport qui se fera les plus belles filles, c’est bien connu. De quoi créer la jalousie et la convoitise dans le chef des autres hommes, qui veulent eux aussi se faire les plus belles filles. Après tout, les femmes sont toutes des croqueuses de diamants, c’est aussi bien connu. En tout cas, c’est confirmé par une étude scientifique, sans aucunes nuances, qui explique que LES femmes sont plus attirées par les hommes qui possèdent une voiture de sport. Etant une femme, et n’en ayant rien à faire de la voiture des garçons avec lesquels je sors, je vous le demande, dois-je m’inquiéter ? Suis-je vraiment une femme ? Un tel manque de nuances dans une étude dite scientifique est à dénoncer.


@http://detest-news-news.blogspot.com/




La voiture est donc associée au sexe. Cela se voit dans le vocabulaire spécifique utilisé, qui emprunte des mots du corps féminin pour parler de la voiture, et vice-versa. Par exemple, l’arrière d’une voiture est appelé « le cul ». Autres transferts, mais dans l’autre sens cette fois, on appelle la poitrine des femmes, « les pare-chocs », ou « l’airbag ». Classe.




La voiture fait viril, masculin. Les courses automobiles sont encore un bastion d’hommes. La voiture donne un statut, une assurance. Elle est associée à la puissance, mais aussi à la puissance sexuelle.




La voiture, sujet de conversation par excellence



La voiture est aussi le sujet de conversation par excellence pour les hommes, comme la pêche ou la chasse, par lesquels ils excluent les femmes (qui pourtant roulent elles aussi), et les hommes qui ne s’y intéressent tout simplement pas, et par lesquels ils montrent leur virilité. « Regarde cette voiture, c’est une Machin Bidule, modèle 2004, moteur XXX123, trooop balèèèze », « Ah ouais, mais non, moi je préfère le modèle 2005, et le moteur SX124, plus classe ». Le thème de la voiture est un sujet que tous les hommes devraient apprécier. Tous les hommes devraient pouvoir disserter des heures sur les différents modèles de voiture, comme toutes les femmes (c’est connu…) devraient adorer discuter des heures sur les bébés et les différentes marques de laits maternels existantes sur le marché.




Pour Pierre Bourdieu, on peut expliquer ce besoin d’avoir des thèmes spécifiquement masculins dans « la peur de perdre l’estime ou l’admiration du groupe, « de perdre la face » ». Si vous êtes un homme, il faut vous intéresser aux voitures, et d’une certaine manière, sous peine de « se voir renvoyer dans la catégorie typiquement féminine des « faibles », des « mauviettes », des « femmelettes », des « pédés », etc. ». Il explique aussi que « la virilité est une notion éminemment relationnelle, construite devant et pour les autres hommes et contre la féminité, dans une sorte de peur du féminin, et d’abord de soi-même » (dans La domination Masculine, Edition du Seuil, 1998, p.78).



@http://www.chtipecheur.com/




L'incompétence apprise




Le danger de petites phrases comme « les femmes ne savent pas conduire » (qui peuvent sembler innocentes), tout comme le danger de dire à une femme qu’elle n’aura pas sa licence pour conduire parce qu’elle est une femme réside dans l’incompétence apprise. Un témoignage du livre de Bourdieu, toujours : « Plus j’étais traitée comme une femme, plus je devenais femme. Je m’adaptais bon gré mal gré. Si j’étais censée être incapable de faire des marches arrières ou d’ouvrir des bouteilles, je sentais, étrangement, que je devenais incompétente. Si la valise était trop lourde pour moi, inexplicablement, je la jugeais telle, moi aussi » (dans La domination Masculine, Edition du Seuil, Paris, 1998, p.88).



De même, on estime que les femmes ne savent pas rouler, mais on apprécie de les voir en mini-jupe au Salon de l’Auto. Tant qu’elles restent hors de la voiture sans doute. La femme faire-valoir, voilà un sujet bien plus porteur et bien plus intéressant que la femme indépendante, qui roule en faisant bien moins d’accidents ou, quand elle en fait, des beaucoup moins graves.



@http://www.forumfr.com/



Les mentalités, que ce soit en Arabie Saoudite ou en Belgique, doivent encore évoluer, c’est une évidence. Si en Arabie Saoudite, des femmes osent braver les interdits, au risque de faire de la prison, il ne faudrait pas oublier ici non plus que le règne des phrases et autres dictons n’a pas sa place dans une société qui cherche plus d’égalité.




En attendant, qui visite une usine Audi sans la Reine ?









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Homme au volant= accident

lundi 20 juin 2011

Si les hommes n'existent plus, les cons existent toujours - Réponse à Raphaël Zacharie (ceci n'est pas une blague)

Sur le site du journal, Le Nouvel Observateur, ce dimanche 19 juin 2011 :





14 - LES HOMMES N'EXISTENT PLUS

"Les hommes n'existent plus.

Les grands, les forts, les vrais
.

A la place, des larves, des mauviettes, des frileux, des castrés.

Moi je dis que l'homme, le mâle, est un seigneur de naissance. Aux antipodes de la pitoyable vision contemporaine le réduisant à un clone de la femme. Pour les châtrés-dégénérés s'épilant les jambes et se couvrant la peau de crèmes protectrices, l'homme est une limace bien lisse qui bave en se trainant aux pieds de poulettes dégradées pour pleurer leurs faveurs.
Dans ce siècle aseptisé le mâle ne conquiert plus, il quémande.

Conscient de l'inaliénable supériorité que me confère ce glaive hérité de Mars, je me comporte sans complexe en astre dominateur, puissant et radieux, viril et impérial jusque dans mes pensées les plus élevées, indifférent à l'anti-machisme ambiant. Ce qui a pour effet de déplaire aux femmes dénaturées, aux bécasses hystériques, aux féministes invétérées et même à la masse des eunuques, je veux parler de ces caniches formant la majorité du genre masculin de notre société. Ces toutous habitués à subir la loi des femelles ont perdu toute dignité phallique.

La femme en rébellion contre l'homme déchoit de son demi-trône naturel consistant à laver les pieds de son maître. Devenue insignifiante, ridicule et sans valeur en voulant singer son dieu, elle caquète, glougloute, agite dans le vide ses ailes de volaille trop lourde, hurle stérilement à s'en égosiller pendant que le lion, nonchalant mais sûr de lui, couvre sa voix aiguë de petite créature pleureuse d'un paisible, rauque, souverain rugissement.

Lui n'a pas besoin de se déchirer les cordes vocales pour manifester sa divine autorité et faire sentir à la femme que sa crinière est une couronne, ses testicules des bijoux royaux, son membre un sceptre de pharaon.

La descendante de Vénus a un tempérament docile. Molle, tiède, inconstante, indécise, elle est faite pour obéir à son étoile et la suivre fidèlement. C'est dans sa nature.

Tandis que l'homme, ce reflet du soleil, est fait pour régner sur ses terres conquises.

Voilà pourquoi je dis que les hommes n'existent plus : parce que, éteints de l'intérieur par l'eau glaciale de l'hérésie féministe, ils ont fini par croire que le soleil était l'égal de la lune.

Raphaël Zacharie de IZARRA"













Ma réponse :




15- Si les hommes n'existent plus, les cons existent toujours (et c'est tant mieux, ça me fait des articles)



Cher soleil,




J’utilise mes ailes de volaille trop lourde pour vous écrire ce petit mot. Moi, petite créature pleureuse, qu’apprends-je ? Une nouvelle espèce est en voie de disparition sur la terre ? Les mâles, les vrais, n’existeraient plus ? Allons, allons. Alors que j’erre sans but comme la dinde idiote et perdue loin de ses fourneaux que je suis, et que je m’aventure sur le territoire des grands seigneurs, il m’arrive encore d’en rencontrer. Certes, ils ont changé. Et heureusement, parce que la préhistoire, c’était il y a bien longtemps, n’est-ce pas ? Aujourd’hui, plus besoin de boire du sang dans le crâne de ses ennemis pour se sentir viril.




N’ayez crainte Monseigneur, moi, descendante de Vénus, qui ose déchoir de mon demi-trône naturel consistant à laver les pieds de mon maître, je vous dis qu’il vous reste des choses à apprendre. Dans notre société aseptisée certes, mais qui, au moins, avance, un homme n’a plus besoin de ressembler à un Yéti hirsute (mais qui sent bon des pieds, puisque les femmes les lavent) pour être mâle. Un homme n’a plus besoin de faire des joutes chevaleresques pour se sentir puissant. Et encore qu’à l’époque, pleurer devant sa dame étant un signe de force, il s’agissait de montrer ses sentiments et cela n’était en rien un signe de faiblesse. Vous, astre dominateur, puissant et radieux, viril et impérial, prônez donc un retour plus en arrière que le Moyen Age, période déjà très joyeuse et faste.

Vous, reflet du soleil qui éblouissez ma journée par votre bêtise, vous vous comparez à un lion. Cela ne m’étonne guère. En effet, cet animal est connu pour sa paresse légendaire, dormant toute la journée alangui au soleil, pendant que les femelles chassent, élèvent les petits et se battent contre des hyènes pour conquérir de nouveaux territoires.





Vous vous comparez, sans complexes, à la planète et au Dieu Mars. Je vous comparerais plutôt à la barre chocolatée. En effet, la taille de ce que vous appelez votre sceptre royal de pharaon doit plutôt ressembler à celle d’un mars. Comme je comprends votre frustration envers les autres hommes et les femmes. Allez mangez donc un mars, et ça repart.






Vous mentionnez l’anti-machisme ambiant. J’aimerai parler de votre masculinisme. Vous dites que l’homme est un dieu, qui ne doit même pas utiliser sa voix pour manifester sa divine autorité sur les femmes. Il me semble que vous rugissez pourtant beaucoup pour un lion en fin de vie, venant d’une époque lointaine. Reprenant les thèses d’un certain Zemmour (qui se fait remplacer par une femme, rendez-vous compte ? Quel affront. Cela mériterait un duel, comme au bon vieux temps où l’homme était un homme, etc., etc.), vous en arrivez à penser que l’homme doit être un machiste, et rien d’autre. Qu’il doive vous ressembler, en somme. Or, l’homme d’aujourd’hui est beaucoup plus libre qu’auparavant. Plus besoin de se conformer à un certain modèle pour devenir un « dieu ». Il peut montrer ses faiblesses, montrer ses joies, ses peurs, être lui-même, et même s’épiler s’il le veut. Ou pas. Pleurer s’il le veut. Ou pas. Bref, il ressemble à un être humain, et pas au « dieu » que vous êtes. L’homme n’est en rien le clone de la femme. Il garde toutes ses spécificités. Les peurs, joies, tristesses, faiblesses d’un homme ne sont pas celles des femmes, et heureusement. C’est dans le respect de nos différences respectives, mais aussi dans le respect des demandes légitimes des femmes que nous pourront faire avancer la société vers plus d’égalité pour chacun.






Vous, cette étoile que les femmes devraient obéir et suivre, plus que toutes les féministes du monde, enfermez hommes et femmes dans des rôles préétablis. C’est dans la nature des femmes d’être molles, tièdes, inconstantes, indécises. Vous n’avez pas dû en rencontrer beaucoup dans votre vie. Je le comprends : être un pharaon, cela occupe.






En espérant ne pas avoir brisé votre dignité phallique,
La lune




Ceci n'est pas une blague.







Le blog de notre maître incontesté (non ce n'est pas Chuck Norris), le vénérable et vénéré Raphaël Zacharie

samedi 18 juin 2011

Un Eros Center à Liège ? Pas une solution divine

Au moment de la sortie d’un clip du Lobby européen des femmes contre la prostitution, Liège se retrouve au cœur de la polémique avec un projet de construction d’un Eros Center (littéralement, « un centre de l’amour » (sic)).












La prostitution. J’en avais déjà fait un article (un peu vindicatif) il y a quelque temps. J’y concluais que la prostitution sera un métier comme un autre lorsque des parents seront contents, voire émus, que leur petite fille dise « plus tard, je serais prostituée », comme elle aurait pu dire « plus tard, je serais professeur ou vétérinaire ». Ou contents, voire émus, que leur adolescente dise « mon premier job étudiant, c’est Rue d’Aarschot, ça paie bien », comme elle aurait pu dire « mon premier job étudiant, c’est au Carrefour tout proche ». Or, on sait très bien que cela n’arrivera pas. Qui veut de ce « métier » pour sa fille, ou pour son fils d’ailleurs ?





Pas un métier comme un autre





C’est que, consciemment ou pas, on se rend très bien compte de ce qu’il y derrière la prostitution, même « volontairement choisie ». 62% des prostituées, qu’elles l’aient choisi ou pas, a un jour été violé. Selon une enquête anglaise, 9 prostituée sur 10 voudraient quitter cette pratique mais ne le peuvent pas. Dans un récent reportage d’Harry Roselmack sur la prostitution, les deux prostituées qui ont choisi de l’être, finissent quand même par pleurer. Une avouant qu’elle a été violée trois fois et n’en peut plus. L’autre se prostituant pour faire vivre ses petits-enfants. Il a aussi rencontré une étudiante qui se prostitue pour payer ses études. Elle explique haïr les hommes. Quelle séquelle sur sa vie affective future ? Toutes ont pourtant choisi la prostitution. Mais on sent derrière, à chaque fois, comme une obligation. Se lancer dans cette pratique ne résulte pas d'un vrai choix finalement.




















@http://www.advertolog.com/











Aujourd’hui, alors que la question de la professionnalisation de la prostitution avance, un projet fait du bruit à Liège. Il s’agit de construire un Eros Center, un centre de prostitution. Les arguments majeurs en faveur du projet sont la sécurité pour les prostituées, qui pourront être suivies médicalement, mais aussi la lutte contre le proxénétisme. Fini les endroits glauques. Une belle promesse.

















@http://www.pro-wohnen.de/



Mais attention. Entrer dans ce centre, cela se paie. Il n’accueillera donc que les prostituées qui peuvent se le permettre. De plus, il faudra certainement respecter certaines règles pour y rester. Les prostituées qui se droguent ou boivent pour supporter les passes, cela existe. Seront-elles d’accord pour y entrer ? Cet Eros Center n’accueillera donc que certaines formes de prostitution. On peut avoir l’impression que le principal atout, c’est surtout plus de sécurité pour le client. Voilà pourquoi certains expliquent qu’il s’agit avant tout d’encourager la prostitution. En Hollande, ce genre d’Eros Center existe. Et en grande quantité. Est-ce que cela a arrêté le proxénétisme ? Je pense qu’on le saurait. Au contraire, cela a encouragé le recours à la prostitution. Au point que beaucoup de touristes vont en Hollande pour se rendre dans un Eros Center. Le pays est même mondialement connu pour ça.










@http://clericalwhispers.blogspot.com/











Prostitution à bas prix et proxénètisme


N’oublions pas non plus que si les prostituées doivent payer cet espace, elles devront certainement faire payer plus cher leurs « services ». En plus d’accueillir un certain type de prostituées, cet espace accueillera un certain type de clients. Ceux qui pourront se le permettre. Cela ne veut pas dire que les autres clients ne trouveront plus de prostituées. On peut redouter l’émergence d’une prostitution « à bas prix » pour attirer le client moins fortuné.





Comment un Eros Center pourrait–il combattre le trafic d’êtres humains et le proxénétisme? Certaines prostituée iront dans le centre, d’autres seront dans le trafic. Vous croyez vraiment qu’une roumaine qu’on a fait entrer dans le pays en lui promettant un job de serveuse, maltraitée par son proxénète pourra profiter de cet Eros Center ? Son proxénète doit bien rire de l’idée.
















@http://jeevanjoby.instablogs.com/





On me rétorquera encore que la prostitution existe depuis la nuit des temps. Comme si le fait qu’une chose ait "toujours" existé (parce que les hommes et femmes des cavernes avaient autre chose à faire je crois) nous empêche de pouvoir trouver cela anormal. Le mariage forcé (ou mariage d'intéret) a "toujours" existé. On se mariait par intérêt jusqu’au début de la révolution industrielle. Aujourd’hui, on lui préfère le mariage d’amour. Dans notre société, le mariage forcé est combattu. Une société qui va vers plus d’égalité, mais qui n’est pas au bout de ses peines.












L'exemple de la Suède










La Suède, par exemple, criminalise le client. Résultat ? Une baisse significative de la prostitution et surtout du trafic. Pourtant, un criminologue utilise des chiffres pour expliquer que si la Suède est le deuxième pays, après le Congo, à avoir un taux de viols si élevé, ce serait à cause de la criminalisation de la prostitution. Au vu de ce qu’il sous-entend, il ne fait pas bon être un homme aujourd’hui. Soit vous devez avoir recours à des prostituées, soit vous violez des femmes. Comme si vous aviez des besoins irrépressibles, que vous ne savez pas contrôler. Comme si, quand vous avez besoin d’aller à la toilette en pleine rue, vous le faites là où vous êtes. Comme si vous étiez des animaux sans réflexion. Ce qu’il ne dit pas, c’est que la définition du viol a changé là-bas pour prendre en compte un plus grand nombre d’actes, ce qui est une très bonne chose en soi, mais peut fausser les statistiques. Et que d’autres estiment encore que c’est la faute au réchauffement climatique ou aux musulmans de Suède (sic).
















@http://www.yetipoker.com/






C’est bien beau de présenter un Eros Center comme LA solution pour une prostitution plus sûre. Le problème, c’est que ce n’est pas vrai. Le Conseil des femmes francophone de Belgique s’oppose au projet. Les journaux titrent « Eros Center : le « non » féministe ». Et si c’était tout simplement un « non » d’être humain?








A lire : http://www.mouvementdunid.org/

lundi 13 juin 2011

It's a dress, not a yes

Samedi dernier, une manifestation à Londres, la Slutwalk (littéralement "la Marche des Salopes") entendait rappeler que les femmes ont le droit de s'habiller comme elles le veulent, sans qu'on les accuse de "chercher" un viol, et ce après qu'un policier ait affirmé devant des étudiants que "les femmes ne devraient pas s'habiller en salope si elles ne voulaient pas être agressées". Une argumentation trop souvent utilisée pour justifier le viol.






Ici, le reste des photos

samedi 11 juin 2011

Être jolie, un jeu d’enfant ?

Un Mini Kid Spa s’est ouvert en France. Le principe ? Des petites filles de 6 à 15 ans peuvent s’y faire masser, épiler, maquiller ou recevoir une pédicure et une manucure. Le problème ? La sexualisation de plus en plus précoce des jeunes filles.


Le phénomène des lolitas a de bons jours devant lui. Si Nabokov a exploré le thème et créé le terme au XXème siècle en parlant d’une jeune fille de 12 ans, les lolitas d’aujourd’hui peuvent avoir 6 ans. En France, dès cet âge, elles peuvent recevoir des soins du corps et se faire maquiller. On peut y voir des gamines de 6 ans, avec rouge à lèvre et ongles des mains (et des pieds) pailletés. Pas si grave ?


@ http://francesca7.unblog.fr/





Au contraire, on apprend aux petites filles que les femmes doivent être belles avant tout. Elles y apprennent très tôt que c’est leur physique qui les rendra intéressantes, et pas leur cerveau. Elles y vont, bien sûr, accompagnées de leur maman, qui leur jettent des regards admiratifs en justifiant leur présence dans « ce spa pour enfants ». Se faire belle, se maquiller est donc valorisé. On fait comme maman, on est belle, et maman est contente. Mais qu’est-ce que cela peut signifier pour ces jeunes enfants, qu’il leur faille passer des heures dans un spa avant d’être enfin belles. On peut aussi se demander ce que cela change dans le regard que portent les jeunes garçons sur ces petites filles.






On est en plein dans le phénomène d’enfants-trophées (ou poupées), où la petite fille doit être la plus belle possible (pour valoriser maman?). Comme dans les concours de mini-miss. Vous croyez vraiment que c'est seules que ces petites filles s’inscrivent à ces concours, ne mangent plus, et se préparent toute l’année pour passer des concours, où elles défileront en robe de soirée, et bien sûr, en maillot de bain, sous les yeux d’adultes complètement inconscients. Un moindre bourrelet, et elles ne gagneront jamais. De quoi inculquer de belles valeurs à ces enfants.






@http://www.midrand-estates.co.za/






Rouge à lèvre et épilation





On peut avoir l’impression que l’on sexualise les enfants de plus en plus tôt. Aujourd’hui, même les petites filles doivent ressembler aux mannequins (Vogue les met déjà en scène comme de vrais manequins dans l'édition de décembre 2010). C'est déjà difficile pour les femmes accomplies, d'où le succès des spas "pour adultes". Maintenant, cette pression pèse aussi sur nos enfants. Qu’est-ce que se mettre du rouge à lèvre ? C’est attirer l’œil sur les lèvres, la bouche, un endroit hautement érotique. Qu’est-ce que s’épiler (même l’épilation du maillot est possible au Mini Kid Spa) ? C’est correspondre à un modèle, toujours montré, de la femme glabre et lisse. Tout se passe comme si nos petites filles devaient être de plus en plus tôt disponibles sexuellement. Et l’enfance ? Et l’insouciance ? Quand j’étais enfant, j’avais des bourrelets. Et je ne m’en inquiétais pas comme aujourd’hui. Mais ces enfants s’en inquiètent déjà. Comme du regard de l’autre. Peut-être qu’aujourd’hui, elles le font pour elles-mêmes. Elles aiment se sentir belles. Mais elles apprennent aussi, petit à petit, que les autres peuvent les trouver belles. Et que cela les valorisent. Le problème, c'est quand on ne les valorise que pour leur physique ou leur beauté. Le problème, c'est quand la beauté devient quelque chose de socialement acquis, et pas de personnellement développé. Quand il faut rentrer dans certains schémas pour se sentir belle.






@http://le-capharnaum-de-cleo.over-blog.com/






Être comme des stars


Nous sommes dans un univers de plus en plus médiatique. Être exposé aux clips, films et autres publicités à longueur de journée crée des complexes. Beaucoup de ces petites filles disent d’ailleurs vouloir être « comme des stars ». Des stars retouchées, qui modifient leur manière de considérer leurs corps. Au lieu de les emmener dans un spa, leurs mères pourraient leur apprendre ce que sont réellement les images médiatiques. Des images créées pour nous faire consommer, et qui dictent des modèles auxquels nous essaieront de ressembler sans y arriver.












N’oublions pas non plus qu’il faut payer les services de ce « spa ». Il y a des gens derrière qui se font de l’argent. En sachant que les enfants peuvent être cruels entre eux, on imagine sans peine les critiques que recevront les petites dont les parents n’ont pas les moyens de dépenser leur argent en maquillage pour leur enfant de 7 ans.










A lire :





jeudi 9 juin 2011

Les féministes ne militent pas (toujours) au lit

Deux neuroscientifiques, Ogi Ogas et Sai Gaddam, ont récemment publié un livre accusant le féminisme de décimer la libido des femmes. Les femmes ne seraient pas épanouies sexuellement à cause de leur volonté d’être considérées l’égale des hommes. Pendant ce temps, en France, l’association Osez le féminisme lance une campagne d’information « Osez le Clito », afin de justement parler du plaisir sexuel féminin. Polémique.




@http://gaygraffiti.free.fr/


A Billion Wicked Thoughts: What The World's Largest Experiment Reveals About Human Desire. Voilà le titre du livre par lequel la polémique est arrivée. Les deux auteurs y analysent les différences entre les cerveaux des femmes et des hommes, entre les choses qu’ils considèrent comme érotiques et ce qu’ils cherchent sur Internet. Une de leur conclusion est que toutes les femmes aiment être dominées. Et donc que le féminisme, qui lutte contre la domination des hommes sur les femmes, les empêche de s’épanouir sexuellement. Ogi Ogas explique que "si une chef d'entreprise tente d'approcher le sexe avec les mêmes attitudes que celles qu'elle adopte au travail, ce sera difficile pour elle d'éprouver du désir".



Donner des ordres à son mari



Mais voilà, jamais aucune féministe ne demandera à une chef d’entreprise de donner des ordres à son mari comme elle le fait à ses employés. Il y a une différence notable, et heureusement, entre vie privée et vie publique. Le mouvement féministe cherche à lutter contre les discriminations, les dominations (d’un sexe sur un autre, d’un genre sur un autre, ou d’une orientation sexuelle sur une autre) et veut amener l’égalité hommes-femmes (ou femmes-hommes). Mais pas dans la chambre à coucher. Peu importe qu’une femme ou un homme soit adepte du nursing. Peu importe que madame préfère le missionnaire et monsieur, le 69. Chacun est libre de faire ce qu’il veut derrière la porte de sa chambre à coucher pour autant que les deux (ou trois ou quatre ou plus) personnes soient consentantes. Le féminisme ne s’y intéresse pas. Il y a d’autres combats autrement plus importants. Ce que cherchent les féministes, c’est l’égalité entre hommes et femmes dans la vie publique, familiale ou sociale. S’il s’intéresse à la vie sexuelle, c’est pour rappeler que madame a elle aussi droit au plaisir, peu importe comment elle le prend.




Le plaisir sexuel féminin




Les féministes ont cherché à libérer le plaisir sexuel féminin. Elles ont les premières demandé à ce que l’on en parle plus. Une démarche encore d’actualité, puisque l’association Osez le féminisme lance « Osez le clito ». Vouloir les taxer d’être nuisibles à la libido féminine est assez contradictoire. A moins que les femmes aiment être dominées et ne pas avoir de plaisir pendant un rapport sexuel ? Leur étude ne le dit pas (sic).











Le féminisme est souvent taxé de conservatisme parce qu’il critique la pornographie, la prostitution ou l’utilisation du corps des femmes dans la publicité. Ce qui est encore un droit. Si on ne peut accepter cela, plus personne ne pourra rien critiquer. Il ne critique pas les consommateurs ou consommatrices. Il critique, par exemple, les images pornographiques et ce qu’elles véhiculent. Ce qui est important, c’est qu’il ne s’agit jamais de critiquer ce que les gens décident de faire dans leur chambre (et qui est souvent très éloigné de ce que l’on voit dans le porno).





@http://feministes-et-fieres.forumsactifs.com/



Toutes les femmes aiment être dominées, tous les hommes aiment dominer



De plus, affirmer que toutes les femmes désirent être dominées peut sembler très réducteur. En effet, il existe des femmes dominatrices, notamment dans le sadomasochisme. Certains hommes adorent la position « en amazone » dans laquelle on peut considérer la femme comme dominante et l’homme comme dominé. Peut-être qu’une femme aime être dominée un jour, et dominer un autre jour. Faire de grands principes en ce qui concerne la sexualité humaine est toujours délicat. Surtout quand il s’agit de différencier radicalement, voire d'opposer hommes et femmes (ce qui rappelle un de mes précédents articles).





@http://www.20minutes.fr/




D’ailleurs beaucoup souligne que le livre n’a rien de scientifique. D’abord, les enquêtes se sont faites par Internet, sur base de choix multiples. On a connu mieux en termes de rigueur, pour un livre qui prétend analyser les différences entre le cerveau masculin et féminin au niveau de la sexualité. Plusieurs personnes ayant participé à l’étude ont également avoué que les questions étaient pour la plupart tendancieuses. De plus, le livre propagerait des idées homophobes et anti-bisexualité.




On peut se demander quel est l’intérêt d’un tel livre ? Peut-être chercher à un peu plus décrédibiliser le féminisme, dont manifestement les auteurs ne connaissent pas grand-chose, pour faire parler d’eux et gagner pas mal d’argent. Une polémique vaine alors que l’affaire DSK nous a rappelé qu’il y a des combats beaucoup plus importants à mener. Pourquoi chercher à toujours comparer hommes et femmes dans leur recherche du plaisir, sous des discours pseudo-scientifiques ? Ne pourrait-on faire faire un étude sérieuse sur le plaisir féminin et une autre sur le plaisir masculin, en montrant la variété des comportements possibles ? Parce qu'essayer de faire des cases qui disent "voilà un homme", "voilà une femme est extrêmement réducteur"



@http://alain38.rmc.fr/




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mardi 7 juin 2011

Bonne fête papa !

Pour une fête des pères loin de tous clichés ce dimanche 12 juin... (et ce n'était pas mieux pour la fête des mères)



Publicité Blokker, papa nettoie la voiture :





Et sur la page d'à côté, maman nettoie la maison :




Publicité Gamma :











Pub par e-mail pour l'Ipad 2 d'Apple spéciale fête des pères (je n'ai pas reçu son équivalent pour la fête des mères)












lundi 6 juin 2011

De l’obligation de maternité

En Belgique, une femme qui ne veut pas d’enfants est jugée et marginalisée. Et pourtant, c’est son droit le plus personnel. Dans les pays qu’on appelle en développement, une femme n’a pas d’autre choix que d’enfanter. Au mépris de sa vie ou de ses envies. Deux poids, deux mesures dénoncés par des parlementaires aux membres du G8.










« C’est dans tes gênes », « tu verras, quand ton horloge biologique va tourner », « mais tu es encore jeune, tu verras plus tard », « une femme ne peut être accomplie qu’avec un enfant », « c’est égoïste de ne pas vouloir d’enfants »… Il faut bien le constater, en tant que femme qui ne veut pas d’enfants, je ne suis pas écoutée. Les gens estiment qu’ils ont le droit de me décréter trop jeune pour avoir un avis. Ou de me dire que j’en aurais, quoi que j’en pense. Je dois me justifier tous les jours pour ce choix. Lorsque je suis confrontée à ce genre de phrases, le plus souvent récitées sur un air hautain, l’énervement n’est jamais loin. J‘en viens même à penser que les femmes qui ne veulent pas d’enfants dérangent, parce qu’elles forcent celles et ceux qui en veulent à réfléchir sur leurs motivations. Faites le test. Demandez aux femmes et aux hommes de votre entourage pourquoi ils ont fait, ou veulent faire, des enfants. Ils seront pour la plupart gênés. Les vraies « raisons » manquent. Parce qu’ils en veulent, un point c’est tout. Ils n’y ont pas vraiment pensé. S’ils y ont pensé, c’est plutôt en termes techniques (Est-ce que c’est le bon moment pour nous ? Avons-nous les moyens économiques d’accueillir un enfant ?...). Mais pas « pourquoi faire un enfant » ? Est-ce qu’on veut former une famille ? Pourquoi vouloir absolument fonder une famille ? Parce que cela rend heureux ? Est-ce qu’il n’arrive pas des occasions où l’on se sent plus heureux avec ses amis qu’avec sa famille ? Est-ce qu’il n’existe pas des familles problématiques, dans lesquelles le conflit est quotidien ?







Le fait est que ces femmes qui veulent des enfants n’ont pas à se justifier, alors que je dois continuellement justifier ma décision. De même, les hommes n’ont jamais à justifier leur envie ou non envie d’enfants. Au contraire, un homme qui dit qu’il ne veut pas d’enfants sera plus facilement valorisé (« tu as bien raison »). Mon copain, qui n’en veut pas non plus, ne reçoit aucunes remarques. Mais moi, je vais obligatoirement le regretter. Peu importe mon avis. Les enfants seraient donc nécessaires à l’accomplissement des femmes, mais pas à celui des hommes ? Il faut peut-être rappeler que si la femme porte l'enfant, un bébé se conçoit à deux.








Pas un besoin biologique






Pourtant, c’est la société qui conditionne les gens à avoir envie d’enfants. Ce n’est pas un besoin biologique. Nous avons besoin de faire l’amour, de nous lier à l’autre. L’être humain est un être social, il ne peut vivre seul. Mais il n’a pas un besoin absolu de procréer. Il peut le faire. Ce serait comme affirmer que les abeilles veulent créer de nouvelles fleurs quand elles butinent. Ce n’est que la conséquence de leurs actes. Quand elles se nourrissent, elles emportent du pollen, mais sans le faire exprès. Par contre, la société nous donne des rôles, la femme est une mère. Si la femme n’a pas d’enfants, elle n’est pas heureuse. Dans les contes de fées, les femmes ne sont rien tant qu’elles n’ont pas rencontré leur prince. Ensuite, elles se marient et ont beaucoup d’enfants. Et sont heureuses. Obligatoirement.


















@http://unjouravec.net/













En plus de cette « obligation d’enfants », il faut bien constater que les mères sont extrêmement jugées dans notre société. Si vous ne faites pas d’enfants, vous n’êtes pas une femme. Mais si vous en faites, vous avez intérêt à assurer. Il faudra aller à toutes les réunions de parents d’élèves. Il faudra cuisiner frais tous les jours. Il faudra être une mère parfaite. Et ne jamais s’énerver. On en vient même à essayer d'interdire la fessée.








Nous sommes à l’époque de l’enfant-roi. Il faut répondre à tous ses caprices, il faut écouter toutes ses plaintes, l’enfant est innocent et pur. Une manière de voir la maternité et l’enfant qui est très récente. Au siècle dernier, on envoyait les enfants au travail le plus tôt possible. Il n’y avait pas d’écoles (ou la formation était vraiment courte). A six ans, les enfants travaillaient dans les champs de leurs parents. A 16 ans, on les envoyait dans les mines ou construire des lignes de chemins de fer. Les femmes plus riches se payaient une nourrice, des professeurs particuliers et des cuisiniers et ne voyaient pas leurs enfants de la journée. Je ne dis pas que c’était mieux mais que le modèle de l’enfant-roi est bien lié à notre société contemporaine.








@http://famille-tpe.centerblog.net/





Aujourd’hui, une femme qui commet un infanticide est « une salope » ou « une mauvaise mère ». Elles sont jugées très durement. J’y vois une contradiction fondamentale. Une femme qui exprime son non-désir d’enfants est jugée et mal vue. Elle ne sera pas écoutée et on voudra lui faire dire que oui, au fond d’elle, peut-être qu’elle en veut. Qu’elle en fasse pour ne pas le regretter. Et si en fait, elle n’en voulait vraiment pas. Et qu’elle tue son enfant. Est-ce que c’est parce que c’est une mauvaise mère ? Et si c’était plutôt une femme à bout, qui commet un acte horrible, parfois poussée par la société.






Egoïsme




« C’est égoïste de ne pas vouloir d’enfants », « tu feras comment quand tu seras vieille », « il faut bien faire survivre l’espèce ». Peut-être qu’il est égoïste de faire des enfants. Quand on ne pense pas pouvoir se suffire à soi-même. Quand on estime avoir besoin d’un enfant, qui n’a rien demandé, pour être accomplie. Quand on ne veut pas être seul quand on sera vieux. Quand on estime qu’il faut encore peupler la planète, avec ses propres enfants, et tant pis pour les enfants qui crèvent de faim tous les jours. Dommages collatéraux de nos petits rêves de vie parfaite, le mariage, le chien, le 4X4 et les deux enfants, un garçon, une fille. Pas de l’égoïsme ? Libre aux gens de choisir, mais qu'on ne critique pas mon choix en le qualifiant d'égoïsme.





Des études ont montré que, d’ici la fin du siècle, nous serons 10 milliards d’êtres humains si rien ne change. Un chiffre à faire tourner la tête. Comment assurer une vie décente à 10 milliards d’êtres humains ? On ne le peut déjà pas pour un peu plus de 6 milliards. D’ailleurs, plus on sera nombreux, plus la croissance démographique va augmenter. De quoi vraiment s’inquiéter.







@http://fondation.sqli.com/






Négliger les jeunes filles du tiers-monde




C’est dans les pays du tiers-monde, dit en développement (parce qu’ils ne sont pas comme nos pays, comme si nous étions des exemples parfaits de développement), que les espoirs se tournent. Des pays qu’on appelle aussi « pays à fertilité élevée » (surtout en Afrique) dans lesquels les taux de natalité n’ont pas baissé. 600 millions d’adolescentes n’ont pas accès à la scolarisation (qui retarde le mariage et diminue le nombre d’enfants) et aux plannings familiaux dans ces pays. Là-bas, on se marie jeune. Et on fait beaucoup d’enfants. Le poids de la tradition, de la religion et du jugement est encore pire qu’ici. L’accès à la contraception est très compliqué. Là où ils n’y a pas d’aide sociale, les enfants sont l’assurance d’être aidé lors de la retraite ou en cas de chômage. N’oublions pas non plus que la mortalité infantile est élevée, mais aussi la mortalité des mères, après ou pendant l’accouchement.







@http://tropicsmagazine.over-blog.com/





Alors, une soixantaine de parlementaires du monde entier alertent les dirigeants du G8 et du G20. Il faut cesser de négliger ces jeunes filles. Il faut créer des infrastructures, des campagnes d’information… afin de donner aux filles le choix de faire ce qu’elles veulent de leur vie, de leur corps. Mais pour cela, il faut de l’argent et de la motivation.






La politique de l'enfant-unique, une solution ?





La politique de l’enfant unique en Chine l'a bien montré. Quand on légifère sur ces questions, cela fonctionne : le taux de natalité a énormément baissé. Ils ont réussi à freiner la démographie. Mais il ne faut pas oublier les désavantages d'une telle législation : avortement forcé, fillettes abandonnées ou tuées, rapt de petits garçons…









@http://houstin.info/





Légiférer sur la natalité, de la forcer ou de l'empêcher n'est donc pas la solution. Il est par contre important d’avoir le choix, la possibilité de décider d’avoir des enfants, ou pas. J’ai beaucoup de chances de vivre ici. J’ai l’opportunité de savoir que je n’aurais pas d’enfants. Ce n'est pas que je ferais une mauvaise mère. Au contraire, je pense pouvoir être une très bonne mère. C'est juste que je ne le veux pas. Et comme je ne suis pas un utérus sur pattes, je pense en avoir le droit. Si la plupart de gens ne m'en croient pas capable, je sais que 600 millions d’autres filles n’ont pas le choix aujourd'hui.






jeudi 2 juin 2011

On prend un verre ensemble ?

Non, il ne s'agit pas d'alcool. Désormais, pour séduire une femme, équipez-vous d'une bonbonne à eau !

C'est ce que semble dire cette publicité, affichée à Schaerbeek, près de la place Meiser. Il faudra qu'on explique quel est le lien entre une femme habillée de manière très sexy et une société qui vend de l'eau. "On prend un verre ensemble ?", l'accroche est on ne peut plus clair. Cette eau rend les femmes coquines. Regard connivent, bouche entrouverte (les lèvres entreouvertes rappelent les autres lèvres du corps féminins), petit haut qui ne cache rien... De quoi faire rêver tous les patrons (puisqu'il y a tellement peu de patronnes à faire rêver). Un argument choc (ou en toc) pour faire vendre un produit qui n'a rien de sexuel à la base. Qui s'en inquiétera dans notre civilisation de l'excitation, où on excite les gens pour leur vendre un écran ou un aspirateur.